Idées reçues sur l’électricité

par | Jan 9, 2020 | Electricité Verte

Mise à jour le 24 mars 2023

 Ah l’électricité… Un univers technique et complexe dans lequel on n’aime généralement pas mettre les pieds. Et pourtant, à moins que vous ne vous éclairiez à la bougie (et encore), l’électricité est un sujet qui nous concerne tous. Mais voilà, problème : on entend souvent tout et son contraire, si bien qu’il est parfois difficile de s’y retrouver… Pas de panique chers lecteurs ! Pour vous, nous avons fait le tri dans les idées reçues sur l’électricité et avons démêlé le vrai du faux !

Voici les idées reçues sur lesquelles on lève le voile ! Alors, à votre avis, Vrai ou Faux ?

Idée reçue n°1 : L’électricité ça pollue.

VRAI
Tout d’abord, reprenons les bases. Le réseau électrique que nous utilisons s’alimente (en grande partie) avec des moyens de production qui utilisent des énergies fossiles telles que le gaz, le charbon ou le pétrole. Ces moyens ont pour conséquence directe d’importantes émissions de gaz à effet de serre lorsqu’ils produisent notre électricité. Sans oublier qu’il n’y pas que la production d’électricité qui pollue : il y aussi la construction de centrales, leur maintenance, leur démantèlement, etc. Et ça c’est valable pour tous les moyens de production, qu’ils exploitent des énergies fossiles ou renouvelables. En conséquence, la production d’électricité représente aujourd’hui 29% des émissions de CO2 en Europe ! [1]

En revanche, il est très important de noter que – contrairement aux énergies fossiles, les énergies renouvelables et le nucléaire sont des technologies qui n’émettent pas de CO2 lorsqu’elles produisent de l’électricité.

 

Idée reçue n°2 : Nous consommons de l’électricité française.

FAUX

Le réseau électrique est européen.

Notre réseau électrique représente le résultat d’un long travail de coopération entre les pays de l’UE. En effet, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ce réseau a été pensé dans une volonté de développer les échanges d’énergie à l’échelle de l’Europe. Et la France a joué un rôle important dans la construction du réseau électrique ! Les lignards français ont ainsi fait de notre pays le carrefour électrique des plus grandes économies européennes. Aujourd’hui, le réseau électrique est extrêmement dense et européen. L’électricité ne s’arrête pas aux frontières politiques des pays.

L’électricité ne va pas au plus court, mais là où la résistance est la plus faible.

En conséquence, lorsque vous allumez la lumière, l’électricité peut passer par l’Italie, le Danemark ou encore la Suisse, car elle n’a pas de chemin tracé (cf. Idée reçue n°4). Elle ne va pas au plus court, mais suit les lignes où la résistance électrique est la plus faible. Le fait de vous situer à proximité d’une centrale de production d’électricité ne détermine donc pas que l’électricité que vous consommez provienne de cette dernière. Pas très intuitif nous direz-vous ? Il ne faut pas imaginer le réseau électrique comme des tubes dans lesquels des électrons se déplacent comme des billes. Imaginez-le plutôt comme un élastique géant aux millions de ramifications, que vous voulez maintenir tendu sans qu’il ne pète. Pour l’électricité c’est pareil : il faut que l’injection (production) dans le réseau soit à chaque instant, égale au soutirage (consommation).

Le signal électrique se déplace à une vitesse de 200 000 km par seconde, soit deux tiers de la vitesse de la lumière. Pour donner une idée, à cette vitesse, on réalise cinq fois le tour de monde en 1 seconde ! Autant dire que le signal électrique transite de manière quasi instantanée dans un réseau de cuivre partagé par des millions de producteurs et de consommateurs dans l’Europe entière. Ainsi, si vous êtes à Strasbourg et que vous allumez la lumière chez vous, l’électricité peut tout aussi bien provenir d’une centrale à charbon polonaise ou d’un parc éolien des Pays-Bas ou les deux en même temps.

L'électricité et les réseaux européens interconnectés
Carte du réseau électrique européen – Source : ENTSO-E, Grid Map

 

Idée reçue n°3 : On peut acheter et vendre de l’électricité.

VRAI
Physiquement, l’électricité est une énergie que l’on ne peut pas stocker et qui transite quasi-instantanément dans nos fils électriques. Ainsi il est impossible de mettre de l’électricité dans une boite pour la commercialiser et la vendre. Pour répondre à cette problématique, des conventions ont été créées afin de pouvoir s’échanger commercialement de l’électricité et coller au maximum à la réalité physique.

  • La première convention appelée Responsabilité d’Équilibre valorise et quand l’électricité est produite. Un producteur est rémunéré lorsqu’il injecte de l’électricité au moment où le réseau électrique en a le besoin. Un fournisseur de son côté se doit de déclarer, pour le compte de ses clients, leur consommation en électricité afin que le réseau puisse équilibrer l’injection et le soutirage d’électricité.
  • La deuxième convention appelée Garantie d’Origine valorise comment l’électricité est produite. Si l’électricité est produite avec des énergies d’origine renouvelable, la Garantie d’Origine en est la preuve.

La somme de ces 2 conventions est l’électricité. Tout simplement.

 

Idée reçue n°4 : On ne peut pas savoir d’où vient vraiment l’électricité.

VRAI et FAUX
Tout comme l’électricité ne se stocke pas, elle n’est pas non plus traçable physiquement. Impossible donc de connaître la centrale qui a produit le MWh que vous consommez. Tous les producteurs qu’ils soient nucléaires, fossiles et renouvelables injectent de l’électricité dans le même réseau. Physiquement, nous consommons tous la même électricité, produite par l’ensemble des centrales polluantes ou non. En revanche, vous pouvez déterminer juridiquement l’origine de votre électricité. Comment ? En faisant le choix de consommer de l’électricité verte (d’origine renouvelable), c’est-à-dire grâce au seul moyen légal d’y parvenir, un document appelé la Garantie d’Origine (GO).

Lorsqu’un producteur d’électricité d’origine renouvelable injecte dans le réseau 1 MWh, un document électronique (une GO) garantissant la production de ce MWh, lui est délivré. Il contient un numéro unique qui permet de connaître la centrale de production, sa puissance, sa date de production mais aussi la technologie (solaire, éolien, hydraulique…). Cette GO est également un complément de rémunération. En achetant des GO, c’est comme si vous consommiez juridiquement les MWh produits dans la centrale de votre choix, en finançant ce producteur et en connaissant ainsi l’origine de votre électricité.
 
De plus, en accroissant la demande de GO, les producteurs d’électricité seront encouragés à investir dans de nouveaux moyens de production utilisant des énergies renouvelables. La consommation d’électricité verte est un excellent moyen de faire bouger concrètement les choses !

Tracer l'électricité que l'on consomme c'est possible

 

Idée reçue n°5 : Un fournisseur d’électricité fournit de l’électricité.

FAUX
Voici une idée reçue sur l’électricité qui paraît logique pour tout le monde. Et pourtant… Comme évoqué plus haut, l’électricité est produite puis transportée pour être consommée instantanément. Ce processus implique trois types d’acteurs : les producteurs, les transporteurs/distributeurs et enfin, les consommateurs. Dans ce processus, il y a un acteur qui n’a aucun rôle « physique » : c’est le fournisseur d’électricité.

Selon le Larousse, fournir signifie « approvisionner en quelque chose ». Or, votre fournisseur commercialise votre accès au réseau électrique et ne vous approvisionne pas directement en énergie. Il est ainsi l’interface entre le réseau électrique et vous, consommateur. En réalité, il a un rôle de commercialisation de l’électricité. C’est pourquoi il nous semble plus pertinent de reprendre le terme utilisé par Rte (le gestionnaire français de transport d’électricité), qui est celui de « commercialisateur d’électricité ». Un fournisseur n’est donc simplement qu’un intermédiaire financier entre le consommateur et le réseau électrique.

Il faut aussi et surtout rappeler que le fournisseur d’électricité joue le rôle de responsable d’équilibre pour le compte de ses clients. En effet, les fournisseurs s’engagent auprès de Rte à assurer l’équilibre entre injections et soutirages d’électricité dans une zone virtuelle donnée, appelée périmètre d’équilibre« J’ai tant de consommateurs qui vont consommer tant de MWh, je dois m’assurer qu’il y en aura suffisamment sur le réseau ».

 

Idée reçue n°6 : Changer de fournisseur d’électricité, c’est compliqué.

FAUX
Ça, c’est une idée reçue sur l’électricité qui a la vie dure ! Depuis 2007, tous les consommateurs d’électricité peuvent changer de fournisseur et/ou d’offre quand ils le souhaitent. Il n’y a aucune condition à réunir : vous êtes le seul maître à bord ! Vous savez pourquoi ? Parce qu’un fournisseur n’est qu’un simple intermédiaire financier. Il ne touchera jamais à votre compteur. Il ne touchera en fait à rien du tout. Le changement se fait en 5 minutes chrono et vous pouvez changer autant de fois que vous le souhaitez : les abonnements d’électricité sont sans engagement. Les seules informations dont vous aurez besoin sont : votre numéro de Point de Livraison (en abrégé, PDL) – c’est le numéro d’identification de votre compteur électrique marqué sur toutes vos factures d’électricité – et un RIB.

Où et comment trouver son point de livraison sur une facture d'électricité

 

Idée reçue n°7 : Changer de fournisseur d’électricité, c’est gratuit.

VRAI
A partir du moment où vous faites appel à un nouveau fournisseur, le changement s’effectue automatiquement. Le nouveau fournisseur s’occupe de tout : c’est sans frais de résiliation, sans période d’engagement et bien évidemment, sans coupure d’électricité ! Car, rappelons-le, les fournisseurs ne gèrent ni vos fils électriques ni votre compteur (ça, c’est Enedis !)…

 

Idée reçue n°8 : L’achat « direct » rémunère forcément mieux les producteurs d’électricité.

FAUX

Qu’est-ce que l’achat « direct » ou « conjoint » ?

C’est le fait d’acheter les Garanties d’Origine d’un producteur qui nous vend également l’électricité au sens contractuel du terme. La contrat d’électricité fait référence à la notion de Responsabilité d’Equilibre qui est un engagement financier des acteurs du marché vis-à-vis du réseau électrique (Rte). C’est un mécanisme qui permet de financer l’équilibrage du réseau. En revanche, il ne prend pas en considération les conséquences environnementales de l’équilibrage.
L’achat « direct » ou « conjoint » est parfois utilisé par certains fournisseurs qui présentent leurs offres d’électricité comme plus vertes, plus premium ou plus vertueuses pour l’environnement. Ce terme donne en effet l’impression que l’électricité provient directement ou même physiquement d’un producteur d’électricité utilisant des énergies renouvelables et/ou d’une centrale proche de chez vous. La réalité est différente (cf. Idée reçue n°2).

Ce producteur, comme tous les autres, injecte son électricité dans le même réseau électrique utilisé par tous les consommateurs quel que ce soit leur fournisseur. Par ailleurs, l’achat dit « direct » ou « conjoint » permettrait une meilleure rémunération du producteur et favoriserait en conséquence davantage la transition énergétique. Or cela n’est pas une évidence.

 

L’achat « direct » ne rémunère pas automatiquement mieux le producteur.

Effectuer un achat direct d’électricité verte comprend le coût de la Responsabilité d’Équilibre auquel on ajoute le coût de la Garantie d’Origine.

Le fait de s’équilibrer contractuellement avec une centrale aura exactement le même prix, que les centrales électriques soient néfastes ou non pour l’environnement, et peu importe l’énergie primaire utilisée (hydraulique, éolienne, nucléaire, gaz, charbon etc…). Le producteur est ainsi rémunéré en fonction de sa capacité à injecter de l’électricité quand le réseau en a le plus besoin. De l’autre côté, il y a la Garantie d’Origine, qui valorise la qualité environnementale de l’électricité en préférant une énergie plutôt qu’une autre. La Garantie d’Origine est le seul contrat permettant de valoriser des énergies renouvelables.

Or, ce n’est pas en surrémunérant uniquement quelques producteurs grâce à des offres d’achat « direct » que la transition énergétique du réseau électrique est soutenue. Faire le choix de l’électricité verte permet donc de favoriser les énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles. Si plus de consommateurs font ce choix, c’est toute l’industrie qui sera obligée de se plier à leurs exigences. Au-delà d’une question de profits, il y a là un moyen durable et efficace de favoriser la transition énergétique.

L’achat « direct » ou « conjoint » n’a pas de caractère plus incitatif pour la transition énergétique en soi. La qualité d’une offre d’électricité verte dépend uniquement de la qualité des GO utilisées. Néanmoins, les fournisseurs d’électricité revendiquant l’achat « direct » utilisent souvent des GO de qualité avec des critères de localisme et relatives aux technologies.

Enfin il faut préciser que ce n’est pas en surrémunérant uniquement quelques producteurs grâce à des offres d’achat « direct » que la transition énergétique du réseau électrique est soutenue. Il faut avant tout que les GO soient utilisées massivement afin que leur prix donne des signaux d’investissement dans les énergies renouvelables.

L'achat direct ne permet pas d'avoir une électricité plus verte

 

Idée reçue n°9 : En souscrivant un contrat auprès d’un fournisseur vert, je reçois exclusivement de l’électricité verte dans ma prise.


Juridiquement VRAI et physiquement FAUX
L’électricité que vous consommez est le fruit de moyens de production situés sur tout le territoire européen. Le fait de contracter une offre d’électricité verte vous assure donc que le fournisseur a acquis un certain nombre de GO. Ces documents attestent qu’un volume d’électricité de source renouvelable équivalent à votre consommation a été injecté sur le réseau. Dès lors, en signant un contrat avec un fournisseur vert, vous participez au développement des énergies renouvelables. Ça c’est d’un point de vue juridique.
D’un point de vue physique, nous l’avons mentionné dans l’idée reçue n°4, l’électricité n’est pas traçable. Mais l’important n’est pas là. Ce qui compte, c’est de contribuer au développement des énergies renouvelables via l’achat de GO, pour tendre à moyen/long terme vers un mix électrique 100% renouvelable à l’échelle européenne.

 

En conclusion, voilà ce que nous pouvions dire sur l’électricité et les idées reçues dont elle fait l’objet. Et vous, est ce que vous avez appris de choses ?

 

Sources :
[1] Ministère de la Transition Ecologique ; « Chiffres clés du climat France, Europe et Monde », 2022

Photo by Jonny Caspari ; Jeremy Perkins & Diz Play

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